Les étapes techniques de la création d'une pièce en terre vernissée.
La terre et toutes les techniques liées à la céramique ouvrent des champs de création infinis.
J'ai porté mon choix sur la terre vernissée parce qu'elle permet d'offrir des couleurs multiples et
profondes, de travailler des décors, et parce qu'elle m'étonne et me comble à chaque fois que
j'ouvre mon four.
J'utilise une argile basse température, blanche la plupart du temps (on appelle aussi cette terre
« faïence ». La création d'une pièce en terre cuite nécessite de nombreuses étapes :
1 - Préparation de la terre :
Il faut la pétrir avant de la travailler. Je détermine à ce stade la quantité dont j'ai besoin et je confectionne une boule.
2 - Tournage :
De l'eau, de la terre, un tour et de l'huile de coude. Quand on tourne, on a les
pieds ancrés au sol, le corps centré et les mains dans l'eau ! Etape magique, parfois physique,
parfois catastrophique (et pour ma part, systématiquement éclaboussante) ! Une fois la pièce
formée, on la retire du tour, et on attend quelques jours pour passer à l'étape suivante.
3 - Tournassage :
La pièce tournée doit être fignolée. Lorsqu'elle atteint un consistance « cuir »,
on retourne la pièce sur le tour et on la précise avec des outils tranchants. C'est là qu'on
dessine le pied, qu'on précise un arrondi....
4 :
La pièce nécessite peut-être un anse, un bec rapporté... on les place à ce stade, en les
collant avec de la barbotine (mélange d'eau et de terre, qu'on récupère lors du tournage).
5 - Le séchage :
Etape très importante, la pièce doit sécher tranquillement, et surtout
totalement ! Une pièce encore humide explosera à la cuisson, et là... tant pis pour tout le travail réalisé lors des 4 premières étapes !
6 - Le décor :
La pièce est ensuite décorée aux engobes, mélange de terre, d'eau et d'oxydes
qui s'appliquent au pinceau. Elle est crue, donc fragile, il faut y aller délicatement. En plus des
engobes, j'utilise des transferts (sorte de « décalco » de potier) je grave (on appelle cela le
sgraffito), parfois je me contente de mes pinceaux et réalise un décor à main levée.
7 - Première cuisson :
(c'est ce que l'on appelle le « biscuit ») : je cuis mes pièces à 1100 degrés. La cuisson dure environ 8 heures, mais il faut encore attendre pour ouvrir le four : elle doit ensuite redescendre en dessous de 100 °. Avec un gros four, donc une bonne inertie, j'ouvre quasiment 24h après...
8 - Emaillage :
La pièce est cuite, mais la faïence reste poreuse (contrairement au grès). De plus, les couleurs sont discrètes. Un émaillage permettra, après cuisson, de rendre la pièce étanche, et révélera les couleurs. L'émail est un liquide que l'on applique soit au pinceau, soit par trempage, soit au pistolet. En ce qui concerne la terre vernissé, c'est un émail transparent.
Celui que j'utilise est bien sûr alimentaire.
9 - Deuxième cuisson :
Plus courte que la première, cette cuisson est plus acrobatique. On doit faire en sorte que les pièces ne se touchent pas entre elles et n'entrent pas en contact avec la plaque sur laquelle elles sont posées (sinon... et bien ça colle et on a des pièces siamoises).
Pour cela, on utilise des tripodes réfractaires et personnellement, je vérifie avec un vieux rétroviseur si rien ne se touche. Et c'est parti pour un bronzage à 1100°.
10 - Dernière étape :
Le défournement. J'avoue que je suis toujours impatiente d'ouvrir cet ultime
four (le lendemain). Un rapide coup d’œil me dit déjà si j'ai atteint mon but ou pas. Puis chaque pièce passe entre mes mains, pour une ultime vérification, et aussi pour éventuellement araser des petits d'émail qui peuvent se former à la base, là ou les tripodes entrent en contact. C'est pour cela que vous voyez parfois des petits points non émaillés sous mes pièces....